vendredi 7 mai 2010



"est ce que tu crois que jai une ame?" m a demandè un patient aujourd hui...drole de question et pourtant...en traversant le service de geriatrie jai parfois limpression que certains corps ont ètè deshabitè, comme la fuite dun esprit en souffrance ou dans loublie. Les corps inanimès de certains patients...avachis sur le sol comme des masses informes est le spectacle quotidien quoffre la Cuarta Mixta. Le seul pavillon ou hommes et femmes sont reunis, comme si a un certain stade de la maladie ces etres humains etaient depouillès de leurs genre... La dignitè et lintimitè perdent de leur sens pour disparaitre...L unitè est dedièe aux patients agès....qui viennent finir leur vie ici, après parfois 30 ans voir 60 ans pour certains de vie institutionnelle. Ceux sont les patients dit hautement dependants qui ont sombrè depuis longtemps dans ce qui sappelle dans le jargon psychiatrique la chronicitè de la maladie...le point de non retour suivant la decompensation plongeant le patient dans une apathie totale ou un etat stationnaire sans grand espoir devolution ou de retour a la santè mentale....Cet etat la a tendance a generer chez le personnel soignant, la baisse des objectifs, la reduction des motivations au travail, la routine, et la chronicitè des taches...le quotidien devient mortiphere, on lave les corps comme on arrose des plantes, certains professionnels cessent de parler aux patient postrès, repondant au mutisme par le mutisme...


A la maladie mentale, se rajoute l handicap physique parfois produit dun systeme de santè defaillant. A la cuarta mixta, il y a cet homme sans bras, dont le bonnet enfoncè jusquau nez cache deux cavitès vides...un autre homme amputès des jambes se traine sur le sol...celestine, incontinente, se balade les fesses a lair suppliant en un langage qui lui est propre la premiere blouse blanche de laider a se laver....Et puis au milieu de la cour des miracles, il y a Hugo Montero, bien connu du cercle literaire de SUCRE, un poete delaissè, un Antonin Artaud a qui nous avons redonnè la voie et qui nous ecrit des sonnets...Ses vers nous parlent de lodeur des couloirs, des gemissements des patients...Hugo Montero est un homme de lettre, tres attachant, est dune extreme luciditè sur sa condition, on se demande parfois le pourquoi du comment, cet homme est arrivè entre ces murs ou la poesie est son unique issue de secours.

Il ya aussi Justino, un ancien percussionniste de Potosie, qui a sa passion dans la peau ( son groupe de musique est tatouè sur son bras)...Justino tapote la table tous les jours, imperturbable comme sil revivait les batukadas de sa jeunesse. Nous lui avons donnè deux quilles de boies, et il nous a donnè la mesure...dautres ont suivis, entourès sa table,...un peu de vie au milieu du service...et quelques sourires sur les visages....Les ames tout a coup ont rehabitè les corps et nous a donnè un autre souffle pour amener un peu de couleur a leur quotidien.

De ce premier constat, Alejandro, etudiant de psychologie bolivien qui maccompagne au quotidien, ma proposè de partir a la decouverte de son association GYM, premiere en Bolivie, a proposer une reflexion et des interventions de musicotherapie. De cette rencontre est nè un projet. A prèsent, chaque mercredi, le service prend de nouvelles couleurs ou ballons de baudruches se melangent a une samba et aux decouvertes sonores...les balons et les oeufs musicaux sadaptent a chacun de nous sans jugement, la maladie et l handicap disparaissent pour laisser place a l etre....